2021
Exposition à l'Imprévue
Saint Jean du Gard
D’abord graphiste, Anne Aïou apporte toute la maîtrise de son métier à un art résolument libéré. Sur des grands formats de papier blanc (70/100) elle crée des formes qu’on ne saurait nommer et pourtant familières, qui semblent surgir d’une lumière inconnue, extérieure ou intérieure. Comme dans les univers de peintres qu’elle admire, Tal Coat ou De Staël.
Avec de simples crayons de couleur elle installe un espace infini, trait après trait, spontané d’abord, puis affirmé, volontaire, sur le long temps d’exécution. Patience, présence à ce qui émerge, plongée dans le temps. Au cours de son travail, elle ressent ses dessins comme des formes organiques qui semblent chercher leur place. Des aventures formelles projetées sur le vide de la page blanche. Les relations entre les éléments sont complexes, entre compressions et respirations : certains se sentent bien, d’autres, trop compressés, doivent pousser le voisin, ou les murs, ouvrir cet espace qui les limite. Que va-t-il se passer ? L’aventure est aussi l’aventure de celle qui crée, des histoires qu’elle se raconte. Jusqu’à la conquête d’un équilibre, d’une respiration juste. C’est toujours une surprise. La forme apparaît quand je la mets en couleurs - des rouge des bleus-gris nuancés. Elle bouge à l’intérieur des feuilles : lumière, matière, couleur. Quelque chose se passe, une présence silencieuse, discrète, évidente.
Le crayon de couleur est un défi. Le peu d’épaisseur du papier qu’Anne Aïou récupérait l’a contrainte au choix d’un outil dont elle a découvert la diversité et les possibilités infinies. Sur la page blanche elle laisse parler légèrement ce matériau, avec parfois un trait d’encre de chine. Sur de plus petits formats (50/30) elle dessine des objets, cette fois bien reconnaissables, brosses ou montres, natures mortes aux encres de chine ou sépias. Un parti-pris des choses simples qui en révèle la singularité.
Alice Petit